La leçon inaugurale brossera un tableau chronologique des risques ayant pesé ou pesant encore sur la santé humaine, de la trilogie épidémies-guerres-famines, qui s’est progressivement et partiellement estompée pour faire place aux facteurs dits de style de vie (tabac, alcool, déséquilibres alimentaires, sédentarité) et aux agents physico-chimiques. Notre mouvement, centrifuge par rapport au patient et au déclenchement de la maladie, consistera à passer de l’énumération des causes de décès à l’identification des causes des causes. Les pathologies infectieuses, dont le développement a pu être favorisé entre autres par l’invention de l’agriculture, qui a rapproché humains et animaux domestiques, favorisant les zoonoses, ont été jusqu’au début du XXe siècle la cause majeure de mortalité en Europe. Avec leur contrôle progressif dans les pays du nord a eu lieu une transition épidémiologique, consistant en une diminution de la mortalité, qui a permis un allongement spectaculaire de l’espérance de vie, multipliée par trois en trois siècles (d’environ 25 ans avant la Révolution à 82 ans aujourd’hui en France), expliquée par la diminution de la mortalité par maladies infectieuses, survenant souvent tôt, progressivement remplacée par les maladies chroniques, survenant généralement à un âge plus avancé. Nous rappellerons la contribution des polymorphismes génétiques, des facteurs de style de vie à la survenue des maladies chroniques. Puis nous évoquerons les modifications de notre environnement au cours de l’Anthropocène, les éléments généraux en faveur d’un effet de l’environnement physico-chimique sur la survenue de ces maladies chroniques, et les arguments plus spécifiques allant dans le même sens, s’appuyant sur les développements méthodologiques récents, à la fois dans le champ de la toxicologie et, chez l’humain, des biomarqueurs d’exposition et de l’inférence causale (Judea Pearl), qui fournit un cadre rigoureux pour l’identification des causes des maladies dans une approche non expérimentale.