Une étude lie l’exposition au radon, même à de faibles seuils, à des leucémies chez l’enfant | Santé Magazine – santemagazine.fr – 2 octobre 2024

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Une étude américaine fait état d’une association entre une exposition au radon, même à des seuils inférieurs à ceux fixés comme sûrs par les autorités, à un risque de leucémie infantile. Qu’en serait-il en France au vu de l’exposition au radon ? Comment limiter son exposition ?

Gaz radioactif inodore et incolore issu de la désintégration de l’uranium et du radiumnaturellement présents dans le sol et les roches, le radon peut s’immiscer subrepticement dans nos domiciles, et notamment nos sous-sols.

L’ennui, c’est que ce gaz a été classé comme cancérigène certain pour le poumon par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 1987, y compris pour la population générale. En France, l’exposition au radon serait même la seconde cause de cancer du poumon, après le tabac et devant l’amiante, selon une étude citée par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN, source 1).

Voilà une étude qui ne devrait guère nous rassurer à ce sujet. Des chercheurs américains ont en effet mis en évidence un lien entre la survenue de leucémies infantiles et les niveaux de radons, y compris ceux inférieurs aux directives fédérales américaines en la matière. L’étude, menée dans plus de 700 comtés américains et sur 18 ans, a été publiée dans la revue Science of the Total Environment (source 2).

Une association statistique inquiétante
Le becquerel par mètre cube (Bq/m³) est l’unité permettant d’exprimer la concentration de radon dans un volume d’air donné. L’agence américaine de l’environnement (EPA, pour Environmental Protection Agency) affirme qu’aucun niveau de radon n’est sans danger, mais recommande des mesures d’atténuation que lorsque la concentration de radon atteint 148 Bq/m³. Ici, l’étude a pris en compte des concentrations égales à la moitié de ce seuil, soit environ 74 Bq/m³. En France, l’IRSN précise que la concentration en radons dans les bâtiments est de 90 Bq/m³ pour l’ensemble de la France, avec des disparités importantes d’un département à l’autre, au sein d’un même département, et même d’un bâtiment à un autre. La moyenne s’élève par exemple à 24 Bq/m³ seulement à Paris, contre à 264 Bq/m³ en Lozère.

Pour les expositions au radon supérieures à 74 Bq/m³ dans l’année précédant l’étude, les risques de leucémie chez l’enfant étaient de 1,08 fois plus élevés pour les deux sexes, et de 1,12 fois plus élevé pour les filles, comparés au risque global de leucémie infantile aux États-Unis.

Des recherches qui restent à approfondir
Pour les chercheurs, ces résultats sont d’autant plus importants qu’il existe encore peu de facteurs de risque clairement établis pour le cancer chez l’enfant, et que le rôle de l’environnement n’a pas été beaucoup exploré.

Cela dit, il ne s’agit pour l’heure que d’une association statistique. “Notre conception de l’étude nous permet uniquement d’identifier des associations statistiques et de formuler des hypothèses. Des études permettant de mieux déterminer si l’exposition au radon provoque une leucémie infantile sont donc nécessaires”, notamment en vue de mesures de santé publique, a nuancé Matthew Bozigar, de l’Université d’État de l’Oregon, qui a dirigé la recherche. L’épidémiologiste a lui même grandi dans une région où le radon est présent en grande quantité, et où une incidence élevée du cancer a été constatée, notamment chez les plus jeunes. “En tant qu’épidémiologiste, j’ai commencé à réfléchir aux causes environnementales possibles et j’ai contacté des collaborateurs formidables qui ont fourni des données importantes et d’autres ressources pour permettre de nouvelles analyses innovantes”, a-t-il déclaré dans un communiqué (Source 3). Le chercheur précise d’ailleurs que d’autres données devraient être obtenues dans les prochaines années.

Comment connaître et limiter son exposition au radon ?
La concentration d’une pièce en radon peut être connue, puisque le radon se mesure à l’aide de petits détecteurs, appelés dosimètres, que l’on peut se procurer sur divers sites spécialisés, listés par l’IRSN. L’IRSN a également mis au point une carte interactive permettant de connaître le potentiel radon de sa commune, pour avoir une idée.

Pour diminuer son exposition au radon, la clé est l’aération et la ventilation de l’air intérieur. Le radon s’infiltre via le sol, dans les sous-sols et vides sanitaires des habitations, pour ensuite s’accumuler dans les lieux de vie. Les gestes efficaces pour diminuer son exposition au radon à adopter :

  • Aérer régulièrement son logement;
  • Mettre en place une ventilation mécanique contrôlée (VMC);
  • Limiter l’entrée du radon en renforçant l’étanchéité entre le sol et le bâtiment.
Sources
Source 1 : “Le risque radon en 10 questions”, IRSN, 01/01/2021.
Source 2 : Matthew Bozigar et al, Domestic radon exposure and childhood cancer risk by site and sex in 727 counties in the United States, 2001 – 2018, Science of The Total Environment (2024). DOI : 10.1016/j.scitotenv.2024.176288
Source 3 : “Radon, even at levels below EPA guideline for mitigation, is linked to childhood leukemia”, MedicalXpress, 01/10/24.