À l’Institut Gustave Roussy, les chercheurs mettent au point des organoïdes cérébraux pour faire avancer la recherche sur certains cancers pédiatriques très agressifs. Ces avatars, qui font moins de 3 millimètres, miment le cerveau de l’enfant malade et la progression des tumeurs.
« Ces organoïdes ont à peine la taille d’un grain de riz, s’émerveille Claudia Pasqualini, pourtant, ils contiennent déjà à ce stade, environ trois millions de cellules ». La jeune docteure Pasqualini, qui est pédiatre et oncologue, se penche vers l’incubateur pour sortir de ce coffre précieux maintenu à 37 degrés Celsius, des plaques contenant de petites boîtes rondes remplies d’un liquide rosâtre. Dans chaque boîte flotte effectivement une minuscule boule blanche, bien visible à l’œil nu. Il s’agit de « mini-cerveaux » fabriqués à partir des cellules de peau d’un malade, qui vont servir à étudier certains cancers pédiatriques. Claudia Pasqualini les installe sous un microscope pour mieux les observer.
Afin de rendre ces « mini-cerveaux » encore plus proches de leur modèle, le professeur Florent Ginhoux a proposé de les doter d’un système immunitaire. Son équipe est parvenue à créer des avatars de cerveau auxquels elle a pu ajouter des cellules immunitaires, en l’occurrence des macrophages. L’idée étant de s’intéresser « à l’environnement tumoral plutôt qu’à la tumeur elle-même », explique Florent Ginhoux.
L’objectif est de travailler sur les cancers les plus féroces, comme le gliome du tronc cérébral, ajoute la professeure Véronique Minard-Colin. Elle rappelle que si 80 % des enfants atteints d’un cancer sont guéris, 20 % des petits malades n’ont pas cette chance. C’est donc pour eux, avant tout, que ces organoïdes sont développés. Car on ne peut pas tester de nouveaux médicaments sur des patients aussi fragiles.
Lorsque l’on connaîtra mieux, grâce aux organoïdes cérébraux, les interactions qui se nouent dans le cerveau entre neurones, tumeur, et cellules immunitaires de l’enfant (macrophages), les médecins estiment qu’ils auront déjà fait un grand pas. Le rêve serait de parvenir ensuite à contrôler ces interactions afin de pouvoir bloquer la tumeur et réveiller les macrophages, ces cellules immunitaires qui sont censées combattre les cellules malignes mais n’arrivent plus à faire leur travail.
En attendant, ces modèles en trois dimensions reproduisent le plus fidèlement possible ce qui se passe réellement dans le cerveau d’un petit malade. Ils devraient pouvoir d’ici quelques années offrir de vraies pistes thérapeutiques.
Source : France Culture